La parole d'Héraclite (28 fragments)
Sélection de 28 fragments adaptée des traductions françaises de Tannery, Robin et Dumont.

 
8. Ce qui est taillé en sens contraire s'assemble ; de ce qui diffère naît la plus belle harmonie, et c'est la discorde qui produit toutes choses.

12. A ceux qui descendent dans les mêmes fleuves surviennent toujours d'autres et d'autres eaux.

18. Si tu n'espères pas l'inespéré, tu ne le trouveras pas. Il est dur à trouver et inaccessible.

30. Ce monde-ci, le même pour tous les êtres, aucun des dieux ni des hommes ne l'a fait ; mais il a toujours été, et il est, et il sera un feu toujours vivant, s'allumant avec mesure et s'éteignant avec mesure.

40. La polymathie (= le savoir nombreux) n'enseigne pas l'intelligence ; sinon elle eût enseigné Hésiode, Pythagore, Xénophane et Hécatée.

41. Il n'y a qu'une chose sage, c'est de connaître la pensée par laquelle tout est régi dans sa totalité.

43. Mieux vaut étouffer la démesure qu'un incendie.

50. Ce n'est pas à moi, mais au logos (= à la pensée), qu'il est sage de prêter l'oreille, en reconnaissant que tout est un.

51. Le discordant s'accorde avec soi-même ; accord de tensions inverses, comme dans l'arc ou la lyre.

52. Le temps (ou l'éternité) est un enfant qui joue au trictrac : la royauté est à un enfant.

53. Le conflit est le père de toutes choses, le roi de toutes choses (...)

54. L'harmonie invisible est supérieure à la visible.

62. Immortels mortel, mortels immortels : ceux-là vivant la mort de ceux-ci, ceux-ci mourant la vie de ceux-là.

64. La foudre gouverne l'univers (= le feu ordonne à toutes choses).

65. Le feu est indigence et satiété.

67. Le dieu est jour et nuit, hiver et été, guerre et paix, satiété et faim. Il se change comme quand on mêle au feu des parfums ; alors on le nomme suivant le goût de chacun.

72. Quelle que soit l'assiduité avec laquelle les hommes fréquentent le logos, ils se séparent de lui (et ce qu'ils rencontrent quotidiennement leur paraît étranger). (Cf. fragments 1 et 2)

78. L'humain n'a pas de connaissance, le divin en a.

80. Le conflit est commun, la justice est discorde, tout naît et meurt selon discorde et nécessité.

88. C'est le même en nous, être vivant ou mort, être éveillé ou endormi, être jeune ou vieux ; car par le changement, ceux-ci deviennent ceux-là, et réciproquement.

89. Pour les éveillés, il y a un monde un et commun ; mais parmi ceux qui dorment, chacun s'en détourne vers le sien propre.

91. On ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve.

97. Les chiens aboient après ceux qu'ils ne connaissent pas.

111. C'est la maladie qui rend la santé douce et bonne ; c'est la faim qui fait de même désirer la satiété, et la fatigue le repos.

114. Ceux qui parlent avec intelligence doivent s'appuyer sur l'intelligence commune à tous, comme une cité s'appuie sur la loi, et même beaucoup plus fort. Car toutes les lois humaines sont nourries par une seule loi, la loi divine, qui domine autant qu'elle veut, suffit à tout et surpasse tout.

115. L'âme possède un logos qui s'accroît par lui-même.

116. A tous les hommes il est donné en partage de se connaître eux-mêmes et d'user du bon sens.

123. Nature aime se cacher.
 
 

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